
Dans une série de révélations relayées par la Fondation Je Klere (FJKL), corroborant un rapport de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), Magalie Habitant, ancienne directrice du SMCRS – sous la base de clientélisme – et proche des administrations Tèt Kale, est soupçonnée d’avoir activement facilité des transactions impliquant des chefs de gangs terroristes armés ainsi que d’avoir usé de son influence pour orienter des fonds publics à des fins illicites.
D’une part, des conversations WhatsApp vérifiées montrent que Habitant aurait agi comme intermédiaire entre le chef de gang Kempès et l’ancien député Prophane Victor dans l’achat de 20 caisses de munitions de divers calibres, d’une valeur estimée à 70 000 dollars américains. Ces échanges prouvent, selon la DCPJ, qu’elle a personnellement négocié la transaction, ce qui pourrait constituer un acte de complicité avec une organisation armée, en infraction avec les articles 224 et suivants du Code pénal haïtien sur l’association de malfaiteurs et la détention illégale d’armes de guerre.
D’autre part, le rapport de la FJKL indique que Magalie Habitant aurait sollicité des fonds publics auprès de la Caisse d’Assistance Sociale (CAS) pour soutenir le redoutable chef de gang Jimmy Cherizier, le tristement célèbre Barbecue. La demande aurait été approuvée par le directeur général de la CAS, Elionor Devallon, bien que celui-ci ait par la suite affirmé, lors de son audition par les enquêteurs, qu’il avait agi en faveur d’un individu identifié comme « Gran Frè », et non explicitement pour Barbecue.
L’enquête révèle également que le même Devallon aurait perçu directement 1,3 million de gourdes par le biais de 28 chèques émis au nom de la CAS, théoriquement destinés à des aides sociales. Une analyse des décaissements montre que certains bénéficiaires n’auraient reçu que des montants symboliques (1 500 gourdes), suggérant un schéma de détournement de fonds publics, en violation des principes de probité administrative et de gestion transparente des ressources de l’État.
L’ensemble de ces faits, s’ils sont établis, engage la responsabilité pénale de plusieurs anciens et actuels hauts fonctionnaires pour des faits susceptibles d’être qualifiés de corruption, de détournement de biens publics, de blanchiment d’argent et de complicité avec des bandes armées, conformément à la Loi du 12 mars 2014 sur la prévention et la répression de la corruption en Haïti. Mais c’est Haïti et son système judiciaire vendu aux plus offrants !