
Le premier ministre Evans Paul dit être ouvert à une évaluation des résultats de la présidentielle. Cette déclaration, faite à Miami ce samedi, tombe dans un contexte de manifestations continues,de dénonciations et d’aveux de doute tenace d’un conseiller électoral qui a refusé de signer les résultats des élections du 25 octobre 2015. Les mots du PM arrivent avant la rencontre, lundi, entre le CEP et le groupe des 7.
Ils sont plusieurs milliers à avoir craché depuis une semaine leur refus des résultats préliminaires de l’élection présidentielle, assimilée à « un coup d’Etat électoral». Mis sous pression par une coalition de sept des principaux candidats et par le parti Lavalas, le CEP esquive. Accusés d’être les bénéficiaires de cette « opération de fraude électorale » en faveur du candidat officiel, Jovenel Moïse et l’Exécutif Tet Kalé n’ont pipé mot. Comme si des lignes étaient en train de bouger, le Premier ministre Evans Paul, grand démineur de service, affirme, sans masquer sa perplexité, qu’il est ouvert. Ouvert à la requête des sept candidats à la présidence et de certains des observateurs qu’une commission indépendante vérifie le résultat préliminaire contesté de l’élection présidentielle du 25 octobre, a rapporté Jacqueline Charles du Miami Herald.
« Je n’ai pas de problème pour faire une commission indépendante », a dit le Premier ministre Evans Paul avant son adresse ce samedi à la National Alliance for the Advancement of Haitian Professionals (NAHP) à Florida International University (FIU). « La question est qui va monter cette commission parce que la crise de confiance n’épargne personne en Haïti », a-t-il fait remarquer. « Les membres du Conseil électoral provisoire (CEP) proviennent des institutions les plus crédibles du pays », a poursuivi Evans Paul, perplexe à souhait. « Si vous ne faites pas confiance à ces personnes alors les personnes que vous allez désigner sur quelle planète est-ce que vous allez les trouvez ? », s’est interrogé le Premier ministre Evans qui reconnait que quelque chose doit être fait pour que la situation ne dégénère davantage dans ce contexte de manifestations, d’accusations de coup électoral après le scrutin du 25 octobre 2015.
« Pour moi, nous sommes obligés d’engager des discussions politiques pour trouver une solution aux problèmes des élections », a dit Evans Paul qui, sans les nommer, a annoncé avoir initié discrètement des discussions avec des leaders de l’opposition dans l’espoir de trouver une solution. « Nous avons cinquante quatre candidats à la présidence, mais tout le monde savait qu’il y avait une finale et qu’ils ne seraient que deux. Et après la finale qu’il ne restera qu’un seul”, a dit Evans Paul. « Notre plus gros problème dans cette situation que nous vivons en Haïti est que beaucoup de personnes ne respectent pas les règles du jeu », a expliqué Evans Paul.
L’ex-Premier ministre Laurent Salvador Lamothe, exclu de la course électorale pour absence de décharge, a indiqué que la crise actuelle est prévisible. Mais le destin du pays est suspendu à une balance et quelque chose doit être fait, a expliqué Laurent Lamothe. « Il faut un dialogue entre tous les acteurs », a appelé Laurent Lamothe, soulignant qu’il supporte toutes les requêtes pour que le processus soit crédible, transparent afin que le prochain président ait une légitimé claire et nette.
La candidate de Fanmi Lavalas, qui a pris le chemin du BCED, la voie contentieuse pour dénoncer les résultats de la présidentielle, a été déboutée. Le Bureau du contentieux électoral départemental s’est déclaré incompétent pour trancher sur les accusations de fraudes massives et la renvoi à l’échelon supérieur le Bureau du contentieux électoral national (BCEN). Rien n’indique pour le moment ce qui sortira de cette juridiction. Cette impasse légale accentue la pression sur le Conseil électoral. Il faut dire que Lavalas est le seul parti qui applique une double stratégie : la rue et le tribunal électoral.
En principe, si l’on reste dans le calendrier électoral, le CEP devrait communiquer le résultat définitif du premier tour de la présidentielle le 22 novembre. Cependant, l’institution électorale, a annoncé vendredi soir une rencontre avec les 7 candidats qui ont mis des milliers de manifestants dans les rues de Port-au-Prince et en province ces derniers jours. Dans une correspondance adressée à Me Samuel Madistin au nom de ces candidats à la présidence, le CEP a indiqué « qu’en ce qui a trait à la demande formulée, le Conseil électoral provisoire veut bien souligner à l’attention des signataires de ladite note, que les procédures en matière de contestations électorales sont définies à la section H du décret électoral du 2 mars 2015 en ses articles 175, 176, 176.1, 177, et 178. En effet, suivant les dispositions dudit décret, un candidat ou son mandataire peut contester l’élection d’un autre candidat par devant le bureau du contentieux électoral compétent », selon le CEP. « Toutefois le Conseil électoral provisoire, dans le souci de mettre à la disposition des signataires de la note le plus d’informations possible sur cette question, se ferait un plaisir de vous rencontrer le lundi 16 novembre 2015 à 4 heures pm au local du Conseil », a indiqué cette correspondance de Pierre-Louis Opont.
Les opposants au résultat préliminaire sont des milliers à manifester dans la capitale et ses environs. Sans incidents majeurs, avec une police qui fait correctement son travail, ont observé des journalistes. Dans l’opération « Nou pa vle bannan n », les posters de Jovenel Moïse (PHTK), le candidat du pouvoir arrivé en tête avec plus de 32 % des votes exprimés, sont systématiquement déchirés. Gagnant dans plusieurs départements, selon le CEP, les partisans de Jovenel Moïse n’ont pas levé le petit doigt ni pour célébrer ni pour réclamer l’avance de leur poulain.
Des sources proches de PHTK ont confié au journal que des manifestations se préparent pour soutenir le candidat du pourvoir. Deux évènements, le match Haïti VS Jamaïque et les funérailles du chanteur Black Alex devraient servir de support la semaine qui vient. Des mobilisations sont en cours dans des quartiers populeux dans la perspective de manifestations de soutien. Roberson Alphonse Source le nouvelliste