
Des milliers de personnes de toutes les couches sociales de la commune de Verrettes ont parcouru des kilomètres, de Carrefour Payen jusqu’au centre-ville, le lundi 14 octobre 2024, pour protester contre « l’insécurité chronique » qui règne dans l’Artibonite « avec la complaisance des autorités étatiques.
Des milliers de personnes de toutes les couches sociales de la commune de Verrettes ont parcouru des kilomètres, de Carrefour Payen jusqu’au centre-ville, le lundi 14 octobre 2024, pour protester contre « l’insécurité chronique » qui règne dans l’Artibonite « avec la complaisance des autorités étatiques. »
Le noyau organisateur de l’événement populaire, constitué de personnalités notoires telles que le sociologue Jean Hervé Cadet, le juriste Fernandez Paul, l’entrepreneur Prunel Valéus, l’agriculteur Ernst Lajeune et l’ancien militaire Ernst Elibrin, a mobilisé les établissements scolaires, les institutions religieuses, les associations paysannes, les organisations politiques, les mouvements socioculturels et les entreprises commerciales, afin de « forcer les instances étatiques à démanteler les gangs armés du département.
S’étendant sur des centaines de mètres, la foule des manifestants, munie de branches d’arbre, de foulards et de pancartes, lançait des slogans rythmés au son de la musique comme « Nou bezwen al Savien » et « Gang pa pwodiksyon nasyonal. » Les protestataires, furieux et surchauffés, ont traversé les localités de Chandèl, de Pon Koupon, de Borèl, de Moreau des îles, de Carrefour Deschapelles, de Doda, de Pon Paremon et de Desjardins, pour parvenir au commissariat de Verrettes.
« Après l’assassinat spectaculaire des six policiers de l’Unité départementale de maintien de l’ordre (UDMO), le mercredi 25 janvier 2023, nous nous attendions à une réplique ferme de l’État. Malheureusement, la tolérance de nos dirigeants a facilité des crimes encore plus tragiques, conduisant au récent massacre de Pont-Sondé. C’est absolument inacceptable », a déclaré le professeur Jean Hervé Cadet au Nouvelliste.
Le porte-parole de la mobilisation citoyenne croit que « si l’État avait une quelconque volonté, un signal clair serait déjà envoyé à toute la nation par le démantèlement pur et simple des gangs de l’Artibonite. » Pour l’ancien étudiant de la Faculté d’ethnologie de l’Université d’État d’Haïti, « le banditisme doit être combattu à tout prix. Il est inconcevable que les gens de bien se taisent et restent sans rien faire pendant que, sous les yeux complices de l’État, les criminels détruisent tout ce qui fait l’existence de la nation. »
Ayant débuté vers 10 heures a.m., la manifestation du lundi 14 octobre 2024 des habitants de Verrettes occupait la route principale jusque vers 17 heures. Les initiateurs et les participants se sont engagés à intensifier cette démarche « tant que les membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) et ceux du gouvernement n’en prennent conscience. »
Verrettes, la cité de Dumarsais Estimé, est l’une des communes les plus en vue de l’Artibonite. Malgré la présence des policiers de l’Unité temporaire anti-gang (UTAG), sa population de 180 000 habitants environ est aussi victime des barbaries des gangsters de la région. D’une seule voix, les femmes et les hommes des différents secteurs s’unissent pour dire aux autorités du pays : « nou bouke. »