
Aujourd’hui, il est difficile de savoir quel chemin prendre avec une personne accidentée, victime de multiples traumatismes. Ces cas sont censés être pris en charge par tous les centres hospitaliers qui devraient être en mesure de fournir des soins intensifs. La réalité est tout autre en Haïti, car il n’existe aucun centre hospitalier ayant les capacités de donner des soins intensifs au moment où les accidents de la route, de travail et les catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquents.
La cérémonie de pose de la première pierre de ce complexe s’est déroulée mercredi. La première dame Sophia Martelly, la ministre de la Santé publique, Florence Duperval Guillaume, les ambassadeurs des États-Unis et du Mexique, d’autres membres du gouvernement, des personnalités du milieu des affaires et des membres de la communauté médicale locale et internationale ont participé au lancement de cet ambitieux projet.
L’idée de construire un trauma center en Haïti remonte bien avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010, expliquent les docteurs Jerry et Marlon Bitar, qui ont présenté le projet au Nouvelliste. L’initiative part du constat que les traumatismes de tout genre constituent aujourd’hui la première cause de décès dans les hôpitaux en Haïti, loin devant les infections sexuellement transmissibles et autres. Donc, ce centre répond à un besoin ponctuel, selon les frères Bitar.
Avec un effectif de 120 lits, ce centre de premier niveau sera construit pour accueillir tous les cas urgents qui dépassent les hôpitaux qui n’ont pas l’expertise pour fournir les soins intensifs. En effet, le centre va travailler avec tout un réseau d’hôpitaux présents dans les dix départements géographiques. Un réseau ambulancier terrestre et aérien permettra de sauver des vies en faisant le lien entre le centre de niveau 1 et l’ensemble des annexes. Plus besoin d’attendre l’arrivée d’un avion- ambulance pour sauver des vies. Les cas de traumatisme les plus compliqués pourront trouver des soins appropriés ici en Haïti.
Le Complexe national de soins intensifs et de traumatologie ne servira pas seulement à donner des soins, mais formera également des professionnels de la santé. Le complexe abritera un centre national d’éducation et d’entraînement pour les jeunes professionnels de la santé. Médecins, spécialistes dans divers domaines du champ médical pourront augmenter leurs capacités au sein de ce centre. Les étudiants, venus des écoles de médecine et d’infirmières du pays, auront également la possibilité de faire leurs premières armes.
Les personnes victimes de traumatisme, les cardiaques, celles victimes d’accidents cérébraux-vasculaires, de brûlure sévère n’auront plus à galérer avant de trouver les soins que nécessitent leur cas, selon les Bitar. L’objectif est de faire de ce complexe une référence dans la Caraïbe, disent-ils. « Ici, nous aurons les capacités humaines et matérielles pour accueillir non seulement des malades haïtiens, mais toute personne de la zone ayant besoin d’aide en matière de soins intensifs », ont expliqué les deux médecins et frères.
Les responsables du projet hésitent à avancer des estimations en ce qui a trait aux coûts, vu la dimension du projet. E-power, une entreprise spécialisée dans le domaine énergétique, a fait don de 100 000 dollars à l’occasion du lancement du projet. Pour les frères Bitar, ce geste est un premier pas, un signe qui démontre qu’à côté du secteur de la santé, le secteur privé se sent aussi concerné par ce projet. Un projet qui nécessitera sans doute de multiples soutiens semblables à celui de E-Power.