
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a indiqué que les opérations de la mission de maintien de la paix des Nations unies devraient s’achever d’ici le 15 octobre, selon ce qu’a révélé le Miami Herald citant un rapport de 37 pages des Nations unies.
La composante militaire devrait passer par un retrait progressif mais complet de son contigent de 2 370 membres.
Les recommandations de Guterres interviennent à un moment où le président américain Donald Trump cherche à effectuer des coupes significatives dans la contribution des USA à l’ONU avec une emphase particulière mise sur les missions de maintien de la paix, d’environnement et de développement. Au même moment l’administration Trump propose de réduire les fonds de l’USAID, l’un des gros donateurs d’Haïti.
Comme une phase dans le processus de retrait de la MINUSTAH après plus d’une décennie, Guterres recommande que les 346 millions de dollars de la mission soient utilisés pour les 6 derniers mois après l’expiration de son mandat le 15 avril. Les recommandations du secrétaire général seront l’objet d’une discussion du rôle des Nations unies en Haïti le 11 avril.
Alors que tous les membres du Conseil de sécurité sont favorables à ce retrait, il y a des désaccords sur la présence des Nations unies en Haïti dans le futur. Guterres recommande qu’une petite mission remplace la MINUSTAH avec une attention sur le renforcement de la police et du système judiciaire en dysfonctionnement d’Haïti.
Cette décision était attendue depuis le mois dernier quand le sous-secrétaire général des Nations unies pour les opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous a visité Haïti et confié au Miami Herald que la composante militaire n’y était plus nécessaire. Guterres était d’accord, selon l’article du Miami Herald.
Cette fois-ci, Guetteres affirme que le retrait devrait être graduel de façon à donner à la police le temps de prendre la responsabilité de la sécurité du pays.
«Une telle stratégie réduirait la possibilité de répéter les échecs des transitions passées, comme le déclin rapide de la capacité de la PNH, l’impartialité et la crédibilité à la suite de la fermeture de l’opération de maintien de la paix des Nations unies en Haïti en mars 2000, et les troubles publics à grande échelle “, a déclaré Guterres dans le rapport.
Guterres a déclaré que la nouvelle mission serait également mandatée pour aider à renforcer les droits de l’homme en Haïti. Elle maintiendrait toujours une section politique, alors que le nombre d’employés civils serait réduit de 50 pour cent. Pendant ce temps, la présence de la police étrangère des États-Unis serait également réduite, déployée uniquement dans cinq régions pour fournir un soutien à la Police nationale d’Haïti.
Dans l’ensemble, le nombre de policiers étrangers en Haïti serait ramené de 1 001 à 295. Ils seraient chargés d’encadrer et d’offrir des conseils stratégiques aux hauts responsables de la Police nationale d’Haïti.
Les diplomates étrangers reconnaissent que la force de police haïtienne a fait de grands progrès – elle a joué un rôle clé dans la récente arrestation de Guy Philippe, un fugitif accusé de trafic de drogue – mais Guterres a déclaré qu’il «n’a pas encore réussi à faire face à toutes les menaces d’instabilité à l’intérieur du pays. Une présence internationale en uniforme et en conformité avec les normes des droits de l’homme».
Haïti: les «risques d’instabilité de longue date causés par la combinaison d’une culture de politique à somme nulle, d’une polarisation politique profondément enracinée et de méfiance, de conditions socioéconomiques et humanitaires défavorables ainsi que de faiblesses des institutions nécessitent un soutien continu à la police nationale», a souligné M. Guterres, en particulier dans la zone métropolitaine, dans les régions du Sud et du Nord où la présence de la police reste faible.
«Haïti est encore dans une période délicate de transition politique, en attendant la formation du nouveau gouvernement et la définition de ses priorités de gouvernance », a-t-il dit.
Jeudi, le Sénat d’Haïti a approuvé la déclaration de politique du Premier ministre nommé Jack Guy Lafontant. Lafontant, qui manque d’expérience politique et a fait de grandes promesses de changer le sort du pays, doit encore obtenir l’approbation de la Chambre des députés. Lui et son cabinet sont censés se présenter devant ce corps lundi.
Le manque d’expérience politique du nouveau gouvernement n’est pas le seul défi auquel est exposé Haïti, qui a connu un fort recul de l’aide étrangère depuis le tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010, et la suspension d’un certain soutien budgétaire des donateurs après les élections déclarées frauduleuses en 2015 qui ont conduit à un gouvernement intérimaire.
Guterres a noté que l’ONU a lutté pour recueillir des fonds pour l’aide humanitaire pour Haïti qui a été frappée par l’ouragan Matthew en octobre et pour traiter l’épidémie de choléra. Une lettre datant du 6 mars envoyée aux États membres de l’ONU demandant combien ils avaient l’intention de contribuer à un plan d’éradication du choléra en Haïti de 400 millions de dollars a reçu des réponses mitigées.
«Alors que l’ONU décline progressivement et de façon responsable sa présence, j’encourage les partenaires internationaux et les États membres à revoir également l’appui qu’ils apportent à Haïti pour minimiser le risque de compromettre les acquis réalisés jusqu’ici», a déclaré M. Guterres.
Source Miami Herald – Le Nouvelliste