
Le président Jovenel Moïse, conformément aux dispositions de la Constitution, a eu des consultations mercredi avec le président du Sénat, Youri Latortue et le président de la Chambre des députés, Cholzer Chancy autour de la désignation d’un nouveau Premier ministre, a appris le journal. Ces trois hauts responsables de l’État doivent se rencontrer ce jeudi pour proposer des noms.
« Le président Jovenel Moïse a demandé de définir les critères avant de donner des noms. Il faut que le prochain Premier ministre soit un rassembleur capable de négocier avec l’international et le secteur privé. Le support du Parlement et la capacité d’appliquer le programme de cette administration sont aussi nécessaires », a confié une source haut placée.
Le président Jovenel Moïse, a appris le journal de sources concordantes, multiplie d’autres contacts, entreprend d’autres discussions autour de la désignation du prochain Premier ministre pour remplacer Enex Jean-Charles, a aussi appris le journal. Des noms circulent. Parmi eux, l’homme d’affaires Olivier Barreau, P.D.G de la AIC, l’une des figures du conseil d’administration de la BUH, une personnalité respectée, un bosseur qualifié par certains de « visionnaire». Au sein du secteur privé, hétéroclite, composé de groupes compétiteurs, il ne compte pas que des supporteurs.
Au Parlement, pour le moment, la confidence souligne que certains parlementaires préfèrent Cholzer Chancy à Olivier Barreau, même si l’assureur a été parmi les premiers à monter le train Jovenel Moïse pour les élections de 2016. Il entretient de bons rapports avec Jovenel Moïse.
Avec son statut de « favori » pour le poste de Premier ministre, Cholzer Chancy, le président de la Chambre des députés, qui avait défait l’an passé Jerry Tardieu, a passé une année législative et réussi à se faire réélire par acclamation. Cholzer Chancy, issu de Ayiti an Aksyon, est un homme d’affaires prolifique. À Ennery, dans sa circonscription, il a consenti des investissements importants dans plusieurs secteurs, dont l’hôtellerie. Il entretient de très bonnes relations avec le président Jovenel Moïse. Son talon d’Achille, analyse une autre source, c’est sa grande proximité avec le président du parti Ayiti an Aksyon, Youri Latortue, président depuis peu du Sénat de la République. Perçu comme un potentiel candidat à la présidence en 2022, Youri Latortue fait peur. C’est un vrai tacticien, un vrai animal politique, poursuit cette source.
Si c’est le Parlement qui impose Cholzer ou n’importe quel autre Premier ministre à Jovenel Moïse, le centre du pouvoir risque de ne plus être au Palais, à la rue de la République mais au Bicentenaire où se trouvent le Parlement et la Primature. « Nous nous sommes battus pour l’arrivée de Jovenel Moïse au pouvoir. Nous sommes des sacrifiés. Il faudra éviter l’imposition. Cohabitation oui, confrontation non », a confié off the record un député.
En milieu de journée, d’autres ont confié que Jean Walnard Dornéval, fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères qui a travaillé en Italie avant de passer huit ans en Chine comme chargé d’affaires et membre de la commission de transition, fait partie des noms cités. « C’est un homme en qui Jovenel Moïse a confiance », a expliqué cette source. Le nom du maire des Cayes, ex-sénateur de la République, Jean Gabriel Fortuné, est également cité.
Le président Jovenel Moïse a une équation délicate à résoudre. Il veut attendre l’installation du dernier tiers du Sénat pour rendre la « situation plus facile », a souligné cette source. Si en face de lui, il n’y a pas d’opposition déclarée, les intérêts de beaucoup de ses alliés ne sont pas forcément les mêmes, a observé cette source, soulignant qu’à ce stade rien n’est encore joué.
Ce 8 février, dans la matinée, le président Jovenel Moïse, pour son premier jour plein au Palais national, a dirigé une réunion du Conseil des ministres. « Il voulait s’enquérir de la situation du pays, écouter les présentations de différents ministères sur l’état d’avancement des dossiers. La réunion a été annoncée la veille, le 7 février autour de 6 heures p.m. », a confié au journal un ministre du gouvernement sortant sous le sceau de l’anonymat. « Le président était très bien », a indiqué ce ministre, soulignant que Wilson Laleau, économiste, membre de la commission de transition, ex-ministre de l’Économie et des Finances, était assis à la droite du président Jovenel Moïse.
Le chef de l’État, a confié une source au Palais national, doit incessamment, par arrêté présidentiel, nommé son directeur de cabinet et un nouveau secrétaire générale du Palais en attendant la ratification de son premier ministre et l’installation de son premier gouvernement.
Source Le Nouvelliste