
Les bilans pullulent après le passage de l’ouragan Matthew. Jusqu’à vendredi soir, le gouvernement indiquait 288 morts. Un bilan assez inférieur à ceux diffusés en boucle par les agences de presse internationales, citant des ONG et des élus. Des chiffres que réprouve le ministre de l’Intérieur qui dénonce des individus qui veulent gonfler les chiffres pour faire fructifier le business de l’humanitaire. Le gouvernement, déterminé à contrôler l’aide humanitaire, a commencé à acheminer les premières aides aux victimes vendredi.
Les autorités continuent de compter les morts et d’évaluer les dégâts causés par le violent ouragan. 288, c’est le nombre de personnes tuées par l’ouragan Matthew en Haïti, selon le dernier bilan officiel présenté par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales vendredi soir. Un bilan bien inférieur à ceux diffusés par les agences de presse internationales. Selon l’agence Reuters, le nombre des décédés serait de plus de 800 personnes. Le correspondant de Reuters en Haïti, Guyler C. Delva, ancien secrétaire d’Etat à la Communication de Martelly, confie au Nouvelliste avoir compilé les témoignages des maires, des délégués et autres autorités locales pour présenter son bilan. Des chiffres que rejette le ministre de l’Intérieur. « Je ne sais pas où ils ont trouvé ces chiffres. Les catastrophes naturelles étant utilisées comme opportunité d’affaires, il y a effectivement des gens qui ont intérêt à gonfler les chiffres. Ils veulent montrer que la situation est plus grave pour faire augmenter les fonds», a déclaré François Anick Joseph.
« Ça m’étonne qu’ils ne soient pas déjà à 1000 morts, a poursuivi le ministre. Ils ne vont pas tarder à nous dire que 100 mille personnes ont perdu la vie dans cet ouragan. Ce qui leur permettra de glaner 100 milliards de dollars, qui sait? », a indiqué le ministre, visiblement très remonté contre des individus qui, selon lui, veulent profiter de la catastrophe pour faire fortune. «Nous ne voulons pas négliger l’ampleur de la catastrophe mais « n ap alète, nou p ap alame ». Nous allons continuer à publier progressivement les bilans. D’ailleurs, on ne peut cacher des cadavres, y ap santi nan nen nou, », a soutenu Francois Anick Joseph.
Il est 10 heures dans la cour du Centre d’opération d’urgence nationale. Quatre camions remplis de vivres se préparent à mettre le cap sur la ville des Cayes. Le ministre de l’Intérieur, François Anick Joseph, en personne, coordonne le déplacement de ce premier convoi de quatre camions destiné aux victimes de la catastrophe Matthew. Le gouvernement commence à acheminer l’assistance aux nombreuses victimes, qui s’impatientent dans les abris provisoires.
«Nous organisons déjà des convois par voie terrestre, par mer et par air qui transportent de la nourriture, de l’eau et des médicaments pour les zones sinistrées, a confié le ministre de l’Intérieur à l’Agence France Presse. Ce matin, deux hélicoptères de l’armée américaine qui ont été mis à notre disposition ont transporté 50 tonnes d’eau, de nourriture et de médicaments dans le département de la Grand’Anse ».
Tous les moyens de transport sont utilisés par le gouvernement pour acheminer l’aide. «Ce soir encore un bateau va partir toujours en direction de la Grande Anse et particulièrement de la localité de Dame Marie avec 9 containers de ces mêmes articles. C’est sans doute l’arrondissement le plus touché et il n’y a aucune possibilité d’y faire atterrir un hélicoptère. Donc on s’organise et on fait de notre mieux pour venir en aide à la population sinistrée».
Dans le sillage de l’expérience catastrophique de 2010, le gouvernement se montre déterminé à contrôler l’aide. « Mais on est très strict sur ce point: ce pays est dirigé par un gouvernement. Si ces organisations ne reconnaissent pas le gouvernement, qu’elles ne viennent pas du tout. Sur le terrain, c’est la Protection civile qui coordonne tout, a martelé le ministre, qui ne mâche pas ses mots. On ne va pas transformer cet État en un véritable bordel. Ça ne va pas arriver. On en a fait l’expérience en 2010, on a appris de nos erreurs. On agira en gens responsables ». Enfin une bonne nouvelle, la communication a été rétablie avec la Grand’Anse vendredi soir. Une information confirmée par le directeur général de la Conatel, Jean-Marie Altéma.
Louis-Joseph Olivier source le nouvelliste