
Deux ans après l’assassinat des policiers Camille Pierre, Norabert Aurélus, Keter Louis, Makens Madin, James Junior Félix et Donalson Innocent à Liancourt, le mercredi 25 janvier 2023, leurs compagnons dans l’Artibonite s’indignent du comportement des autorités centrales.
Deux ans après l’assassinat des policiers Camille Pierre, Norabert Aurélus, Keter Louis, Makens Madin, James Junior Félix et Donalson Innocent à Liancourt, le mercredi 25 janvier 2023, leurs compagnons dans l’Artibonite s’indignent du comportement des autorités centrales.
Malgré quelques mots de réconfort du directeur départemental Caleb Exantus et une exposition fermée à l’auditorium du commissariat de Saint-Marc, plusieurs agents de l’UDMO estiment que « les sacrifiés de Liancourt sont bel et bien oubliés du gouvernement et du haut commandement de la Police nationale d’Haïti (PNH), puisque ces gens n’ont que leurs intérêts personnels à l’esprit. »
Visités par le journal, les rescapés du mercredi 25 janvier 2023 ont déclaré que « nos dirigeants ne savent pas si les policiers victimes avaient des parents, une femme et des enfants qui dépendaient de leurs faibles moyens financiers », regrettant que « leurs chèques aient été coupés depuis des temps, sans aucune considération des soins nécessaires pour leurs familles et l’écolage des petits. »
« Deux des épouses des policiers vivaient à Port-au-Prince. Elles ont fui leur quartier à cause du banditisme et endurent les humiliations des camps des déplacés forcés avec leurs bébés », a révélé, larmes aux yeux, un policier qui précise « que ce soit aux Gonaïves ou à Saint-Marc, les agents de l’UDMO se voient obligés de contribuer entre eux pour aider les foyers des défunts. »
Le policier Mesadieu Osny Calix, blessé grièvement lors des opérations du 25 janvier 2023 à Liancourt, s’est rendu en République dominicaine pour des soins médicaux intensifs. « La seule réaction de la hiérarchie a été de bloquer son chèque de travail », a indiqué un policier ami.
Sous le couvert de l’anonymat, les policiers ont fait savoir que « les promesses de la direction générale, celles de l’inspection générale, et les engagements du Syndicat de la Police nationale d’Haïti (SYNAPOHA), après le drame, restent et demeurent vains depuis deux ans. »
Les policiers de l’UDMO de l’Artibonite ont affirmé : « Si les principales revendications relatives aux problèmes de matériel et d’effectif avaient été satisfaites, les gangs Kokorat san ras de La Croix-Périsse et Gran grif de Savien n’auraient pas connu toute cette puissance dans le département et que les massacres de Pont Sondé et de Petite-Rivière seraient évités », déplorant le fait que « mêmes les blindés qui arrivent de la capitale sont surtout réservés aux soldats de la Mission multinationale d’appui à la sécurité. »
« Notre force de police souffre du système clanique qui caractérise son leadership. Tout est politique », selon les policiers de l’UDMO de l’Artibonite qui dénoncent « le mépris de l’institution républicaine envers tous les policiers assassinés sur l’autel de la patrie. » D’après eux, « certains jouissent du ‘’Bêchons joyeux’’ dans la PNH tandis que la forte majorité est destinée au ‘’Mourir est beau’’.
En réaction aux doléances des policiers, Jacques Senoble, responsable de l’UDMO de Saint-Marc, a souligné que « la date du 25 janvier 2023 est toujours significative pour la PNH ». Cette année, explique-t-il « elle n’est pas commémorée convenablement en raison des maintes opérations engagées en ce moment dans les différentes communes du département. » Le responsable de l’UDMO des Gonaïves, Jonathan Vilson Edouard, va dans le même sens, ajoutant, « heureusement, le
moral des policiers est quand même ferme. »
La date du 25 janvier 2025 marque le deuxième triste anniversaire du massacre des 6 policiers de l’Unité départementale de maintien de l’ordre de l’Artibonite. Leurs confrères pleurent non seulement leur départ éternel, mais aussi les problèmes existentiels de leurs familles. Certains d’entre eux osent même se demander s’il est encore glorieux de se sacrifier pour la patrie.