
48 heures après la visite surprise du président Jovenel Moïse à l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH) samedi, les grévistes se disent favorables à la levée de la grève qui sévit dans les hôpitaux publics. C’est aussi l’avis des médecins résidents qui ont appuyé le mouvement des travailleurs de la santé. Après plus de deux mois, l’état d’insalubrité du plus grand centre hospitalier du pays fait fuir les patients.
Une prisonnière enchaînée sur son lit, les yeux rivés au plafond de la salle d’urgence, prend son mal en patience. Elle souffre. Cette patiente est la seule personne hospitalisée qui, contre elle-même, compte encore sur les soins du personnel sanitaire de l’HUEH, qui se fait très rare. Les autres malades ont abandonné ce lieu insalubre où les cafards et les rongeurs élisent domicile. Ils vont ailleurs. Dans d’autre cas, ils rentrent chez sans être soignés. « Ils comprennent qu’il n’y a aucune solution en vue, que les choses vont de mal en pis », raconte un personnel de surface.
Abandonné. Envahi de déchets, le plus grand centre hospitalier du pays fait fuir ses patients. Parsemée de feuilles d’amandiers sèches, d’assiettes en foam, de déchets humains, la cour de l’hôpital est impraticable. Visiter l’HUEH, c’est risquer d’affronter son pire cauchemar tant le décor est hideux. Le personnel de surface qui observe un arrêt de travail illimité déclenché depuis plus de deux mois sur fond de revendication salariale et de meilleures conditions de travail ne s’ettelle plus à sa tâche.
Pour comprendre la gravité de la situation, le président de la République, Jovenel Moïse s’est rendu samedi à l’hôpital général. Le chef de l’Etat a annoncé la mise en place d’une commission tripartite composée de représentants des deux branches du Parlement, du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) et du bureau de la présidence avec pour objectif de proposer un plan global de résolution des problèmes du système hospitalier haïtien.
Si le président n’a rien promis aux grévistes, eux, ils se disent prêts à faire des compromis. Des compromis pour la levée de la grève. « On est prêt à s’asseoir avec tout le monde afin de trouver un dégel à la crise », a lancé Alisma Roseta Georges, présidente du syndicat des travailleurs de la santé de l’HUEH.
Mais, les syndicalistes ne jurent que par la signature d’un protocole d’accord leur garantissant que l’Etat va faire le suivi nécessaire. Alisma Roseta Georges, qui commentait la visite du président, dit apprécier la démarche de Jovenel Moïse qui est venu sur les lieux constater lui-même la gravité de la situation. Elle exhorte toutefois le chef de l’Etat à prendre des mesures, à faire de la santé un axe prioritaire au cours de son quinquennat dans le but d’éviter des crises répétitives.
Les médecins résidents, de leur côté, se disent favorables à une sortie de crise. « L’hôpital général est un hôpital universitaire qui a une double vocation : former et prodiguer des soins. Il ne peut pas rester indéfiniment paralysé », a rappelé le Dr Ricardo Manassé qui soutient que la grève a non seulement une répercussion directe sur eux-mêmes, mais principalement sur les malades aux abois.
Tout comme la présidente du syndicat des travailleurs de l’HUEH, le résident au service de pathologie incite les autorités à agir promptement. Il fait remarquer qu’aucun centre hospitalier public n’est fonctionnel à l’approche des festivités carnavalesques qui arriveront le week-end prochain.
Les patients sous dialyse félicitent Jovenel Moïse
A signaler que le président Jovenel Moïse s’est rendu à l’HUEH, notamment à l’Unité de dialyse où il a promis de débloquer des fonds d’urgence en vue de la reprise du fonctionnement régulier de l’Unité de dialyse. Le président Moïse s’est engagé également à faire réparer le système d’alimentation électrique, à remplacer la génératrice existante par une autre de plus grande capacité et à réhabiliter le système de filtrage d’eau du bâtiment.
Interrogés, les patients sous dialyse disent prendre au mot le chef de l’Etat. Ils disent attendre que les promesses du président se matérialisent. Par ailleurs, ils le félicitent pour avoir simplement pensé à venir les visiter.