
Déjà 48 heures depuis que les députés sont en vacances. Ils laissent en souffrance derrière eux le projet de loi modifiant la loi sur l’organisation et le fonctionnement de l’UCREF, l’accord de Paris sur le changement climatique, la convention sur l’apatridie, entre autres. Si les députés du bloc G-PEP sont prêts à répondre à une éventuelle convocation en session extraordinaire du chef de l’État, ceux de l’APH estiment que Jocelerme Privert n’a ni qualité ni titre pour les convoquer.
Sans la traditionnelle cérémonie de clôture de l’année législative, les députés partent en vacances. Normalement et selon les prescrits de la Constitution, le chef de l’État devrait pouvoir, au besoin, les convoquer en session extraordinaire. Mais il y a un mais. Jocelerme Privert n’a pas toute l’autorité de convocation d’un chef d’État sur les parlementaires. Et ces derniers ne ratent jamais une occasion de le lui rappeler. « Depuis le 14 juin, il n’y a plus de président au Palais national. Privert est un usurpateur de titre. Il n’a ni titre ni qualité pour engager l’État. Il sait qu’il ne peut pas nous convoquer en session extraordinaire », a déclaré, sur Télé 20, à l’émission ‘’Sa Kap Kwit’’, Gary Bodeau, l’un des leaders de l’APH, le bloc majoritaire à la Chambre des députés.
« Nous serons de retour au Parlement le deuxième lundi de janvier 2017 avec un chef de l’État au Palais national », a-t-il dit, soulignant que le Sénat fonctionne en permanence et que les commissions à la chambre vont continuer à fonctionner normalement.
Pour le questeur de la Chambre des députés, Jocelerme Privert est un grand cadre du pays, il peut toujours être consultant au Palais national ou au Parlement, « mais il n’est pas président », a-t-il dit. Dans l’esprit de Gary Bodeau, c’est le Premier ministre Enex Jean-Charles qui assure la continuité de l’État.
Contrairement au sénateur Carl Murat Cantave, les députés de l’APH ont voté le projet de loi de l’exécutif sur le blanchiment des avoirs et le financement du terrorisme. Tout en supportant la position du sénateur Cantave, Gary Bodeau a tenté de faire comprendre qu’avec ou sans la signature de Privert, le document est valable, parce que, a-t-il dit, il est signé par le Premier ministre et les différents ministres.
Il en a profité pour démentir les autorités qui font croire qu’il est urgent de voter la loi sur le blanchiment des avoirs. « C’est faux. C’est archi-faux », a lancé le parlementaire. Il a fait savoir que le pays est loin des conséquences du « Di-Risking »
Le leader du G-PEP a, quant à lui, fait savoir, mardi, sur Radio Magik 9, que son bloc est prêt à répondre à toute convocation en session extraordinaire du chef de l’État sur le projet de loi modifiant la loi sur l’organisation et le fonctionnement de l’UCREF, l’accord de Paris sur le changement climatique et la convention sur l’apatridie. Le député Jerry Tardieu a souligné qu’avant le mois de novembre, Haïti devrait montrer qu’il répond à des normes internationalement acceptées.
Parallèlement, le sénateur Edwin Zenny, l’un des détracteurs de Jocelerme Privert, a déclaré, mardi, sur Radio Magik 9, que personnellement il est prêt à répondre à une convocation en session extraordinaire du chef de l’État.
S’agissant du bilan de l’année législative, le député Gary Bodeau a voulu clairement séparer le travail de la Chambre des députés de celui du Sénat. Selon lui, 13 propositions de loi ont été sanctionnées dans la Chambre basse. Mais pour le Parlement, il ne se rappelle que d’une seule loi votée. « Si je cherche j’en trouverai d’autres », a-t-il dit.
Le député Jerry Tardieu a souligné, de son côté, que seulement quatre propositions de loi ont été votées à la Chambre des députés sur neuf déposées pendant l’année législative. Un très maigre bilan, a-t-il reconnu, tout en appelant les sénateurs à voter dans les mêmes termes que les députés le projet de loi sur le blanchiment des avoirs.