
L’expert indépendant du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, Gustavo Gallón, a terminé, ce mardi 1er mars, sa cinquième mission officielle dans le pays. À la suite de cette visite et de ses rencontres avec le président provisoire Jocelerme Privert, ainsi que le Premier ministre Fritz Jean, l’expert indépendant a produit un ensemble de recommandations sur les cinq aspects de violation des droits de l’homme qu’il juge urgents.
Cinq problèmes, cette fois-ci, sont dans le viseur de Gustavo Gallón. « L’absence d’élections, les réfugiés et déportés provenant de la République dominicaine, la détention préventive prolongée, l’impunité sur les violations des droits humains du passé et l’analphabétisme » sont au centre des recommandations formulées par l’expert indépendant en marge de sa visite de moins d’une semaine dans le pays.
Ces recommandations, selon ce qu’a affirmé M. Gallón, ont été partagées avec le président provisoire, Jocelerme Privert, et avec le Premier ministre investi, Fritz Jean, non pas comme des obligations mais des exhortations visant à surmonter la grave situation des droits humains en Haïti. « Je me suis entretenu avec eux, séparément, et ils m’ont exprimé, tous les deux, leur volonté de prendre des mesures, dans les limites de leur mandat court et provisoire, pour avancer dans ce domaine », a assuré Gustavo Gallón, avant son départ.
À propos des élections, l’expert indépendant est très confiant quant à la poursuite du processus, affirmant que le président provisoire lui a assuré qu’il va respecter l’accord signé le 6 février, selon lequel son gouvernement de transition aura pour but de finaliser les élections. « C’est une situation très difficile à gérer pour laquelle j’apprécie la volonté montrée par le président provisoire, Jocelerme Privert, de trouver une solution juste et efficace, conformément à l’accord fait et au très court délai fixé pour mener à bien la transition politique en cours », a déclaré M. Gallón.
Depuis trois ans, Gustavo Gallón tire la sonnette d’alarme auprès des autorités du pays pour qu’ils prennent enfin les mesures qui s’imposent en vue de freiner ce déluge de réfugiés expulsés de la République dominicaine. De l’avis de l’expert indépendant, l’expulsion des Haïtiens de la République voisine se poursuit bel et bien, puisque, seulement au cours du mois de février, on a enregistré 2 484 expulsions, dont 294 femmes adultes et 161 mineurs.
En ce qui concerne la détention préventive prolongée, l’expert indépendant, qui a visité la prison de Croix-des-Bouquets construite pour 760 détenus, a remarqué qu’il y avait un taux de surpopulation élevée avec 1 105 détenus. Toutefois, pas au même niveau que dans les autres prisons où sont écrouées 8 432 personnes en détention provisoire parmi les 11 649 que compte la population carcérale.
Habitué des problèmes auxquels est confronté le pays en matière de droits de l’homme, Gustavo Gallón a promis de présenter son rapport au Conseil des droits de l’homme des Nations unies le 22 mars 2016, à Genève. Juste avant de partir, il a réitéré son désir de voir l’État haïtien, concerné au plus haut niveau par ces problèmes, mettre en œuvre des mesures urgentes et pratiques pouvant aider à faire des progrès dans cette tâche très difficile, mais pas impossible. Ricardo Lambert source le nouvelliste