
Le message à la nation de Jude Célestin, rendu public ce lundi 18 janvier 2016, via une vidéo de 12 minutes environ, fustige, accuse le pouvoir en place, interpelle la communauté internationale et fait appel aux partis politiques dont il réclame la solidarité. Le candidat, déclaré deuxième par le CEP lors du premier tour de la présidentielle du 25 octobre dernier, réclame l’aide de toute la population pour faire échec à la réalisation du second tour du scrutin prévu pour le 24 janvier prochain.
« Peuple haïtien, participer au second tour de l’élection présidentielle organisée par ce CEP-là, et ordonné par cet exécutif-là, sous l’obédience de ces amis-là, serait une faute grave. Un homme doit savoir s’arrêter », déclare Jude Célestin affichant clairement son refus de participer à ce second tour de scrutin : « Ils seront seuls dans leur mascarade. »
Le candidat de Lapeh, qui commence en citant un passage du discours d’investiture prononcé le 16 août 1946 par-devant l’Assemblée nationale par l’ancien président Dumarsais Estimé, estime que quiconque participe à ces élections trahira la nation et que le crayon de l’Histoire se chargera d’écrire le nom de ce Conzé.
Plus loin, Jude Célestin déplore le fait que l’exécutif n’a pas appliqué les recommandations de la commission qu’il a lui-même créée et accuse le président Martelly, qui est aux ordres des « Blancs », de faire la sourde oreille, de se mettre au diapason avec les puissantes étrangères qui clament haut et fort que les élections du 9 août et du 25 octobre se sont bien déroulées.
Jude Célestin dit vouloir être président d’Haïti afin de pouvoir prendre fait et cause de la classe moyenne, dont il fait partie, et qu’il a vue fuir le pays en grand nombre vers des cieux plus cléments. Il veut être le président du rassemblement capable, dit-il, de réunifier le citadin et le paysan des mornes. Il ne veut pas être un « papa bon cœur » mais quelqu’un qui comprend les problèmes et qui apporte des solutions : irrigation, crédit pour les détaillants, crédit pour l’agriculture, débouchés pour l’écoulement des produits, des maisons décentes, des usines, des écoles dignes pour leurs enfants. « Je ne promets pas tout en un seul jour mais je promets de travailler dur pour y arriver ».
« Lè a rive », martèle l’ancien DG du CNE, tel un leitmotiv, pour signifier l’urgence de la situation, pour, entre autres, casser ce cercle vicieux de l’assistanat perpétuel, renforcer toutes les institutions du pays pour que plus jamais il n’y ait ce genre de crise dans le pays, pour que cesse le vol des élections, pour que le mot justice ait enfin du sens.
En outre, il promet un climat favorable aux investisseurs tant locaux qu’étrangers et s’engage à protéger ceux qui investissent leur temps, leur argent, leur sueur et leur sang.
Pour les dubitatifs, les sceptiques, Jude Célestin révèle qu’il a un plan, un programme. « Faites-moi confiance, écoutez-moi. Je parle peu mais lorsque je parle, je le fais à bon escient », déclare le candidat de Lapeh, qui dit être à l’écoute de la population quand il n’est pas en train de parler.
« Lorsque je serai président, je le serai légalement, constitutionnellement, avec la population haïtienne. Je refuse de participer à cette mascarade qui n’a qu’un seul but : faire avaler des couleuvres à la population haïtienne. Il faut arrêter de nous prendre pour des idiots », soutient avec véhémence Jude Célestin.
« Ce qu’ils veulent faire le 24 janvier n’est pas une élection mais une sélection, une gifle à la majorité de la population, un affront à la démocratie, une insulte à la nation », ajoute-t-il. « Seule Haïti assumera les conséquences de cette crise […] Je vous en conjure, faites le bon choix », prévient ce dernier, qui en est à sa deuxième participation consécutive aux élections présidentielles organisées dans le pays.
Jude Célestin termine son adresse comme il l’avait commencée en reprenant Dumarsais Estimé.