
A un certain moment, c’est aux politiques de prendre la relève des institutions défaillantes, des lois violées, des moteurs (menteurs) en panne sèche.
En 2000, le président René Préval avait pris sur lui la responsabilité d’organiser les élections qui reconduisirent Jean-Bertrand Aristide au pouvoir. On connaît la suite : quatre ans plus tard, au petit matin, le président prit place dans un avion à destination de Bangui.
En 2006, Boniface Alexandre, devant les atermoiements du CEP de Max Mathurin, de Jacques Bernard et consorts, trancha. René Préval devint président de la République en bénéficiant du partage des votes blancs.
En 2010, empêtré dans une élection mal conduite par le CEP de Gaillot Dorsainvil et de Pierre-Louis Opont, pressuré, le président René Préval fit appel à l’OEA pour démêler la répartition des votes. La suite permit à Michel Martelly de devenir président d’Haïti.
En 2015, l’heure est venue pour Michel Martelly de faire comme ses prédécesseurs. Le président doit jouer son rôle de responsable de la bonne marche des institutions. Le Tèt Kale suprême doit couper le nœud gordien que tisse sous nos yeux le CEP de Pierre-Louis Opont.
La décision n’est pas facile. Elle ne fera pas plaisir à tout le monde. Personne ne peut donner la garantie au président de la République que l’avenir lui donnera raison. Mais, c’est à lui et à lui seul qu’il revient d’agir.
Certains rêvent d’une élection avec un seul candidat au second tour, d’une inédite victoire par forfait. D’une première fois de plus sur la longue liste des premières du règne de Michel Martelly. D’autres, d’un chaos lent et total qui obligera à rebattre toutes les cartes.
La crédibilité, le plus important fusible de tout CEP, a sauté ces dernières semaines. Le président doit remplacer le fusible, sinon le court-circuit des mauvaises élections de 2015 risque de faire des ravages.
Alors que le monde entier se préoccupe du réchauffement climatique ces jours-ci, COP21 oblige, en Haïti, nous attisons le réchauffement politique, nous essayons de trouver le point de rupture des uns et des autres, le point de cassure des institutions, le point d’ébullition de la population. Nous jouons aux apprentis sorciers.
Martelly, comme ses prédécesseurs, doit innover, trouver la solution des élections de 2015. Le président de la République doit dépasser son rôle de chef de parti partisan, de faiseur de rois, pour devenir le politique qui a la responsabilité de faire avancer l’histoire pour le meilleur et pour le pire. Frantz Duval Editorial du Nouvelliste