
Depuis la rentrée en vigueur, le 1er octobre, de la décision de l’État haïtien d’interdire l’entrée par voie terrestre de 23 produits dominicains, les autorités douanières au point frontalier Malpasse-Jimani effectuent des saisies, bloquent toute importation de ces produits. Ferme sur sa décision, le gouvernement renforce le contrôle et les dispositifs de sécurité. Pour contester cette décision, les transporteurs dominicains ont bloqué jeudi (jour de marché) l’accès à leur territoire.
Devant le point de contrôle de la douane de Malpasse, six véhicules transportant des marchandises s’alignent. Sous un soleil de plomb, huit agents douaniers assistés d’une dizaine d’agents du Corps d’intervention et de maintien d’ordre (CIMO) et de l’Unité départementale de maintien d’ordre (UDMO) donnent le ton. Tout ce qui traverse la frontière est soumis à une inspection minutieuse. Strict et sévère, sans aucune discrimination…les agents vérifient camions, bus, motos… tout ce qui transporte des articles.
Un par un, la question « qu’est-ce que vous transportez dans ce sac? montrez-les moi », est posée à chaque marchande et à chaque transporteur.
Maintes fois, c’est la corde raide entre certains d’entre eux et les agents de l’ordre. « Farine, savon de lessive, détergent en poudre, pâtes alimentaires, maïs moulus, beurre de cuisine, boissons gazeuses, bière, vous ne savez pas que ces produits sont interdits par voie terrestre?», a lancé un agent douanier à une femme dans la trentaine qui constate la saisie de presque tous ses achats.
Des larmes, des supplications n’ont pas suffi pour retenir les policiers et les agents douaniers dans leur action. « La loi c’est la loi, il faut la respecter », a expliqué au Nouvelliste jeudi, l’un d’entre eux.
En effet, depuis le premier octobre, la rentrée en vigueur de la décision de l’État haïtien relative à l’interdiction par voie terrestre de 23 produits, dont la farine de froment, ciment gris, huile comestible, eau potable, peinture et produits pour carrosserie de voiture, équipements lourds pour construction, ustensiles ménagers en plastique, biscuits… les autorités intensifient le contrôle et la capacité sécuritaire de la zone.
« La mesure d’interdire 23 produits dominicains est adoptée dans l’objectif d’un meilleur contrôle de qualité et en vue de mieux assurer la sécurité de la population », a expliqué le ministère de l’Économie et des Finances via un communiqué portant la signature de son titulaire, Wilson Laleau.
Offusqués, les transporteurs dominicains ont protesté jeudi. Ils ont fermé la barrière d’accès à la partie dominicaine, observant une grève. Les activités du marché de Jimani ont été complètement paralysées sur le territoire dominicain. Les syndicalistes dominicains exigent de l’État haïtien de revenir sur cette décision.
Les autorités dominicaines, dont le ministre dominicain des Affaires extérieures et celui de l’Industrie et du Commerce, révulsées également, ont même porté le dossier devant le comité d’accès aux marchés de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) le 29 septembre dernier, sollicitant l’intervention de celui-ci auprès des autorités haïtiennes.
C’est plus de 100 millions de dollars qu’engrangent les Dominicains dans le transport des marchandises et d’autres biens.
Les Dominicains estiment qu’ils sont lésés. Entre-temps, le directeur de la douane de Malpasse, Frantz Multidor, explique que la douane renforce le contrôle et les dispositifs de sécurité. « Dix nouveaux agents de la Police nationale d’Haïti, dont des agents de CIMO, de UDMO et de BOID, viennent s’ajouter aux quatrge agents qui étaient affectés au point frontalier Malpasse-Jamani », a fait savoir Frantz Multidor.
« On a les moyens permettant de contrôler les articles qui entrent et qui sortent », a expliqué le directeur qui vous informe des saisies effectuées.
« Pas plus tard que mercredi, on a saisi un camion qui transportait des articles interdits », a-t-il indiqué, détaillant que 25 caisses d’œufs en coquille, 20 paquets de pâtes alimentaires, cinq caisses d’huile végétale, trois caisses de biscuits, plusieurs caisses d’assiettes en foam et des détergents en poudre ont été confisqués.
« Les trailers dominicains qui, essentiellement impliqués dans la transportation des produits comme le fer et les ciments, ne traversent pas la frontière depuis le premier octobre », a renchéri le directeur, rappelant que 300 000 à 400 000 chauffeurs dominicains vivent de ce secteur. Edrid SaintJuste Lenouvelliste