
Le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) n’entend s’endormir sur ses lauriers. Près d’un mois après la réalisation de l’enquête sur le fonctionnement du Programme de scolarisation universelle, gratuite et obligatoire (Psugo), l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), à l’initiative du MENFP, a déjà diligenté une enquête suite à la disparition de trois millions de gourdes dans le cadre d’un projet avec la Coopération espagnole.
Ce projet, financé par la Coopération espagnole, indique M. Manigat, est l’objet d’une enquête interne où près de trois millions de gourdes ont disparu en fumée. Il cite en exemple un chèque qui a été émis pour 79 mille gourdes et qui a été encaissé pour un montant de 879 mille gourdes. En multipliant ce montant par quatre dans le cadre de ce dossier, la somme serait estimée à environ trois millions de gourdes. Selon ce qu’il affirme, ce dossier est déjà devant la Justice.
Il a précisé que plusieurs employés sont déjà interrogés afin de faire la lumière autour de cette affaire. Le Ministère a entrepris des investigations en ce qui concerne d’autres projets. Il s’agit de rétablir la confiance des partenaires nationaux ou internationaux. Car, l’objectif principal consiste à doubler le budget alloué à l’Éducation dans l’intérêt du pays, néanmoins il convient d’éviter le gaspillage.
Se voulant impartial, le numéro un du Ministère a affirmé que ce n’est pas seulement le Psugo qui est l’objet d’enquête et d’audit au niveau du MENFP. Il s’agit de plusieurs projets qui sont sujets à évaluation. Il informe en ce sens avoir sollicité de l’ULCC ou d’un autre organisme d’apporter son appui dans le cadre de la supervision de ces projets dont il s’est gardé de citer les noms.
Dans l’administration publique, convient le Ministre, le système de gestion est extrêmement faible en général. Ce qui entraîne des vulnérabilités dans ce domaine. Face à cette situation, les ministères appellent à la collaboration d’autres partenaires de l’État dotés d’un plus grand nombre d’experts en vue d’enrayer les pratiques de ces réseaux de corrompus.
Le MENFP s’engage aussi à renforcer son service d’inspectorat, voire créer un corps d’inspection générale qui lui permettra au-delà de ses six inspecteurs d’accomplir leur travail de supervision pédagogique et administrative. Cette démarche, dit-il, contribuera au renforcement du Ministère à l’interne dans le cadre de son contrôle sur le flux financier qui circule dans cette institution.
Quid des 85 écoles exclues ?
Quant aux établissements exclus du Psugo, M. Manigat informe que le MENFP a choisi de publier une liste de 85 établissements scolaires éclaboussés dans la corruption, soulignant que le ministère pourrait en rendre public entre 100, 110 et 120 écoles qui y sont impliquées. Il s’agit d’une vaste liste d’institutions scolaires qui sont concernées par ce dossier. Cette publication s’inscrit dans le cadre du constat du ministère où l’effectif subventionné est supérieur à 10 par rapport à l’effectif de l’école en question.
Les directeurs fautifs, poursuit le titulaire du MENFP, doivent restituer à l’État les fonds dont ils ont bénéficié en vue de permettre au ministère de financer ceux qui respectent les clauses du contrat dans la cadre du Psugo. Il a en outre rappelé que s’il existe des cas de complicité à établir, la Justice doit faire son travail, arguant que s’il est des coupables au niveau du ministère, l’institution qu’il dirige ne lésinera pas à sanctionner les fraudeurs.
Il indique toutefois avoir laissé une porte ouverte à ces directeurs jusqu’à ce mardi 14 juillet 2015 de sorte qu’ils puissent se rendre dans la direction départementale de leur zone respective et fournir les explications nécessaires. Ces éléments d’information, précise le patron du MENFP, permettront de rayer le nom de leurs établissements dans cette liste d’ « établissements suspects » ou non, informant que jusqu’à la preuve du contraire, ces 85 écoles sont exclues.
En ce qui concerne le Collège Pierre Corneille dont le directeur est Philistin Rilet (candidat à la députation), membre du parti politique PPG-18 et de la plateforme « PHTK », le Ministre dit ne pas avoir abordé le volet politique de la question. Il a indiqué que les enquêteurs de l’ULCC et les responsables du MENFP ne se sont accrochés qu’au fonctionnement du Psugo. Les autres volets relèvent des autorités compétentes.