
Pour RFI, Pedro Medrano Rojas, coordinateur principal de l’ONU pour la réponse au choléra en Haïti, a confirmé que 11 721 nouvelles infections au choléra ont été recensées. Entre le 1er janvier et le 28 mars de cette année, 113 morts ont été dénombrés. « Il y a deux raisons principales. La première est la saison pluvieuse. Il y a toujours une hausse des cas durant cette saison. Durant les huit premiers mois de l’année dernière, il y a eu mille nouveaux cas de choléra par mois. Après ces huit mois, le taux a grimpé à cinq mille nouveaux cas par mois. Ce taux de nouvelles infections n’a pas baissé depuis. Cela fait mille nouveaux cas chaque semaine », a-t-il confié.
« L’autre raison, c’est qu’Haïti a la couverture la plus basse en infrastructures sanitaires et eau potable de toute la région. Et le choléra est principalement transmis par la nourriture et l’eau. Plus d’un tiers de la population vit sans sanitaires, et moins de la moitié a accès aux soins médicaux. Le choléra est très lié à la pauvreté », a expliqué Pedro Medrano Rojasà Stéphanie Shuller, pendant l’étape française d’une tournée qui l’avait conduit dans plusieurs pays pour sensibiliser et obtenir des fonds, de l’aide dans la lutte contre le choléra auprès de partenaires internationaux ayant détourné le regard d’Haïti.
Pedro Medrano Rojas a qualifié « d’inacceptables » la diminution des ressources et le fait que le « choléra en Haïti n’est pas considéré par la communauté internationale comme une urgence ». « Pour nous, c’est inacceptable. N’importe quel pays avec plus de 30 000 nouveaux cas de choléra par an considérerait cette situation comme une urgence. Comme il n’y a pas d’enveloppe humanitaire, nous ne pouvons plus gérer ni le traitement ni la prévention », a-t-il dit.
Mais voilà, Pedro Medrano Rojas a fait fausse route dans son alerte sur la détérioration de la situation du choléra en Haïti. « Très sincèrement, je ne sais pas où il a trouvé ces chiffres », a confié au journal Le Nouvelliste Florence Duperval Guillaume, ministre de la Santé publique et de la Population. « Les données de monsieur Medrano pour trouver de l’argent, je ne sais pas où il les a trouvées », a martelé Florence Duperval Guillaume, assurant qu’il y aura avec la commission de haut niveau jeudi un point de presse sur la question.
« Nous prenons des dispositions afin de dire exactement la vérité sur la question et d’expliquer ce que nous faisons. On ne peut pas dire n’importe quoi sur un pays dans le but de remplir un mandat », a ajouté Florence Duperval Guillaume sur un ton appuyé.
« L’évolution du choléra est comme elle a été pendant des mois et des mois », a expliqué la ministre de la Santé publique, se référant aux statistiques de la direction d’épidémiologie et de laboratoire.
Les données collectées pour la 20e semaine de l’année 2015 indiquent qu’il y a eu 94 cas hospitalisés et un décès institutionnel. La létalité est de 0,83 %, a expliqué la ministre. La dernière flambée recensée remonte au mois de novembre 2014, a expliqué Florence Duperval Guillaume qui n’a pas pris de gant pour qualifier d’échec le travail de Pedro Medrano dont le mandat n’est pas loin de son terme.